Le genkan, l'entrée à la japonaise pensée comme un rituel bien-être

En occident, on passe la porte d'entrée de notre domicile de façon machinale, sans accorder d'attention particulière à cet espace de transition. Au Japon, la zone séparant l'extérieur du logement et les pièces à vivre porte un nom – le genkan – et elle est associée à plusieurs valeurs culturelles. Vous pourriez bien être séduit par ce concept bien-être et vouloir créer un genkan chez vous.

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Le genkan, l'entrée à la japonaise pensée comme un rituel bien-être

Parmi les nombreuses différences culturelles frappantes qu'on peut croiser en visitant le Japon, le fait de systématiquement retirer ses chaussures en pénétrant dans une demeure privée ou un établissement public a de quoi surprendre. Ce rituel se déroule dans le genkan, soit l'entrée traditionnelle japonaise, et il porte avec lui plusieurs valeurs qui vont au-delà de la simple volonté de conserver un intérieur propre. On vous donne plus de détails sur cet espace et sur les éléments qui le composent.

Le genkan, l'entrée pensée pour se déchausser

L'entrée à la japonaise porte le nom de genkan et on retrouve ce petit espace de transition dans les maisons traditionnelles japonaises, les appartements, les temples, les auberges (ryôkan) ou les établissements de restaurations de type izakaya qui servent les plats les plus populaires de la gastronomie japonaise.

Au départ réservé aux édifices religieux, à la noblesse puis aux demeures des samouraïs, le genkan s'est démocratisé jusqu'à devenir un incontournable des foyers nippons.

Ce petit sas d'entrée se compose de trois éléments :


  • une zone plate, carrelée ou en terre dans les édifices les plus anciens, appelée tataki  ;

  • une marche (agari kamachi) permettant d'accéder à l'intérieur surélevé. Auparavant, il était nécessaire de surélever les constructions pour éviter que le bois – matériau principal des demeures anciennes – moisisse au contact du sol en période de forte humidité. Si ce n'est plus une nécessité de nos jours, on a tout de même conservé ce format ;

  • le shikidai, une marche intermédiaire facilitant l'accès au logement si l'agari kamachi est trop haute.

On se déchausse dans la zone basse, en s'accroupissant ou en s'asseyant sur une des marches, si nécessaire. Il est fréquent qu'un petit banc soit installé dans le genkan pour faciliter le déchaussement, puis le rechaussement au moment de quitter les lieux. Sachez que l'usage veut qu'on place la pointe des chaussures vers l'extérieur, pour être prêt à partir sans s'éterniser dans ce seuil d'entrée.

Un espace de transition entre le monde extérieur et l'intérieur

Au départ, le fait de se déchausser au sein du genkan est lié à certains préceptes bouddhistes. Les kanjis qui forment le mot signifient "passage vers un savoir profond" et ceux qui retiraient leurs chaussures en entrant acceptaient, implicitement, de se conformer aux principes Zen. Dans une acceptation plus large, ce hall d'entrée est un lieu de transition entre les tumultes du monde extérieur, considéré comme impur, et l'intérieur de l'habitat censé apporter calme et bien-être à ses occupants. On retrouve ici une fonction assez proche des Torii, véritables symboles japonais présents dans les temples shintoïstes et dont la fonction est également de séparer le monde sacré de l'extérieur profane.

En retirant ses chaussures dans un genkan, on effectue un petit rituel bien-être sans même s'en apercevoir, en laissant derrière nous les problèmes de l'extérieur pour pénétrer dans un environnement fermé, propice à la sérénité.

Dans une interprétation plus terre à terre, cette entrée à la japonaise est un lieu où l'on laisse les éléments sales – chaussures, mais aussi manteaux, parapluie, chapeaux, sac de courses – afin de conserver la propreté à l'intérieur de la maison. Les Japonais sont nombreux à dormir sur des futons installés à même le sol, à manger sur des tables basses et à avoir recours à des kotatsu installés au niveau du sol. Il est donc primordial d'éviter que des impuretés ne viennent souiller le parquet.

Comment reproduire un genkan chez vous ?

Bien que les demeures occidentales ne soient pas pourvues de cet espace d'entrée assez atypique, il est possible de se créer un genkan en disposant plusieurs éléments dans le hall d'entrée.

Il est intéressant de prévoir un meuble à chaussures dans lequel viendront se nicher les souliers, ainsi qu'un banc ou une chaise pour que chacun puisse retirer et remettre ses chaussures sans difficulté. Pensez également à proposer des chaussons pour les habitants de la demeure et pour vos convives, pour plus de confort.

Des accroches murales (porte-manteaux, crochets, porte-parapluie) voire des casiers permettront de déposer le superflu avant de pénétrer dans la maison. Il ne faut pas hésiter à décorer votre genkan, pour en faire un parfait lieu de transition, accueillant, qui donne envie de retrouver l'intimité de son chez-soi.

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