Des oyas pour le jardin : principe d'une méthode d'irrigation millénaire

Technologie connue depuis l'Antiquité, les oyas sont depuis longtemps oubliés en Occident, rendus obsolètes par les méthodes modernes d'irrigation. Face au changement climatique qui modifie profondément notre rapport avec l'eau toutefois, les voici qui reviennent sur le devant de la scène, alternative non seulement plus durable à l'arrosage classique, mais aussi bien plus efficace.

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Des oyas pour le jardin : principe d'une méthode d'irrigation millénaire

Les origines des oyas sont floues, mais on sait que différentes civilisations sur différents continents l'utilisaient déjà il y a plusieurs millénaires. C'est ainsi qu'en Chine, tout comme en Afrique ou encore au Moyen-Orient, on enterrait des pots d'argile remplis d'eau près des cultures pour les irriguer. Un système astucieux appelé "irrigation par jarre" et qui fonctionne à peu de chose près comme un diffuseur.

Une simple histoire de pots et d'eau

Un oya (ou olla) est donc un récipient rempli d'eau que l'on enterre dans un potager, près d'un arbuste ou d'un carré de fleurs. Si traditionnellement, il est confectionné en terre cuite, sa version moderne, elle, est plutôt en céramique avec toutefois ceci en commun : pas d'enduit ni de revêtement ! En effet, le principe est de mettre à profit la porosité des pots pour laisser suinter l'eau vers l'extérieur, chose impossible si la jarre est imperméabilisée par un vernis, de l'émail ou encore de la peinture.

Une fois l'oya enseveli jusqu'au col à proximité de vos plantes et rempli d'eau, il ne reste plus qu'à poser un couvercle dessus et à laisser faire la nature !

Les avantages de l'irrigation par oyas

Là où les oyas sont particulièrement efficaces, c'est sans nul doute dans la préservation des ressources en eau. Conçus pour une irrigation lente et ciblée, ils fournissent la juste quantité d'eau pour humidifier la terre directement au niveau des racines et, mieux encore, ils le font de manière autonome et à la demande.

Le phénomène est assez simple : tout d'abord, lorsque le sol entourant la jarre d'argile est sec, il va naturellement aspirer l'eau qu'elle contient. On parle de "tension de succion". Une fois le sol saturé en eau par la suite, cette tension s'interrompt et le précieux liquide cesse de s'écouler vers l'extérieur. Enfin, lorsque les végétaux se sont abreuvés (et que l'évaporation a en même temps fait son office), le sol s'assèche de nouveau et la tension de succion réapparaît, faisant reprendre l'irrigation par la même occasion. Résultat, les oyas fournissent en tout temps la quantité d'eau juste et nécessaire à une irrigation régulière, constante et efficace de la terre.

Grâce à ce mode de fonctionnement, les jarres d'irrigation permettent aussi de limiter le gaspillage et réduisent les dépenses en eau de 50 à 75 % selon le type de sol. Elles ne consomment aucune énergie, peuvent s'utiliser avec de l'eau de pluie, et sont donc largement plus écoresponsables que les systèmes d'arrosage automatique. Cerise sur le gâteau, cela impacte positivement la facture d'eau en faisant faire, là aussi, de jolies économies.

Hormis la facilité de leur mise en place enfin, ainsi que leur entretien quasi inexistant, les oyas sont très utiles pour améliorer la qualité des sols et allègent considérablement la corvée d'arrosage, voire permettent de l'éviter.

Comment bien utiliser les oyas ?

Pour optimiser l'efficacité des oyas, il est important de choisir leurs dimensions par rapport à la surface à couvrir. Une règle générale veut qu'il faille multiplier le diamètre du pot par 3 pour avoir approximativement son rayon d'action. Un pot de 13 cm de diamètre devrait ainsi pouvoir desservir jusqu'à 30 cm autour de lui. Autre critère important : le volume de la jarre. Si grâce à son fonctionnement, un oya ne peut jamais être trop grand, le danger réside par contre dans la sous-estimation de sa taille. Pour éviter cela, il suffit de compter 2 à 3 litres par plante, un volume assez large pour ne faire courir aucun risque de stress hydrique.

Une fois le nombre ainsi que la taille des jarres déterminés, il faut maintenant les enterrer correctement. La bonne façon de faire est de ne laisser dépasser du sol que leur col et de les espacer de 1 à 1,5 mètre les uns des autres. Ce n'est qu'une fois mis en terre que les oyas peuvent être remplis, et si, dans l'absolu, on peut prendre n'importe quelle eau pour le faire, il convient de n'utiliser ni eau sale, ni eau trop calcaire. En effet, les impuretés peuvent boucher les micropores des pots, rendant les oyas moins efficaces, voire inopérants.

Pour terminer, ne pas oublier de fermer les jarres avec une soucoupe ou un bouchon de liège afin d'éviter l'évaporation, mais aussi pour empêcher que de la saleté ou des bestioles ne tombent dedans.

Les meilleures plantes pour tirer profit au maximum des oyas

En principe, on peut utiliser les oyas avec n'importe quelle plante, mais celles qui en profiteront le plus seront celles gourmandes en eau. Dans le potager, tomates, courgettes, poivrons ou encore melons sauront ainsi en tirer amplement parti, de même que les concombres, les aubergines ainsi que les courges. Les plantes aromatiques seront également comblées d'avoir des pots d'irrigation à proximité, mais à condition d'installer ceux-ci aux abords immédiats des plantes, de manière que leurs petits systèmes racinaires puissent en profiter au maximum.

Dans le jardin, les oyas plairont sans conteste aux anthurium, à la lavande, à la pivoine ainsi qu'à toute autre fleur vivace en général. Ce sera aussi le cas des fleurs annuelles (capucine, dahlia, tournesol, etc.) et particulièrement des plantes grimpantes (rosier grimpant, chèvrefeuille, bougainvillier, etc.).

Enfin, il faut savoir que les légumes racines (betteraves, carottes, chou-rave, etc.) ainsi que les bulbes à fleurs (bégonia, tulipe, glaïeul, etc.) ne tireront aucun profit particulier des oyas.

Quelques précautions à garder en tête lors de l'utilisation des oyas

La première chose à mettre dans son agenda lorsqu'on utilise des oyas est de penser à vérifier l'eau sur une période régulière. L'approvisionnement en eau se fera en général tous les 5 jours, ou 2 fois par semaine en été. Le plus sûr néanmoins sera de s'adapter à la réalité de la consommation des plantes, en partant du principe qu'il ne faut jamais attendre qu'un oya soit vide pour le remplir. Il devrait ainsi rester un minimum de 5 cm d'eau dans le pot entre deux réassorts.

Il vaut mieux ne pas utiliser les oyas en hiver, car le froid pourrait geler l'eau et briser le pot. La prudence sera également de mise lors des travaux de jardinage et d'entretien : il serait dommage de briser une jarre d'un coup de bêche par inadvertance !

Si l'on fait germer de nouvelles graines ou si les plants sont encore jeunes, les oyas ne dispensent pas d'arrosage. En effet, il faut impérativement qu'une plante ait des racines développées avant de pouvoir profiter des pots d'irrigation. Sans racines, il faut donc arroser autrement en attendant que les végétaux acquièrent leur autonomie et puissent tirer parti des oyas.

Une fois par an au moins, pour se préparer à l'hiver, pensez à drainer les jarres, les refermer puis les recouvrir d'un tissu ou d'une bâche imperméable pour le reste de la saison. Les plus épaisses (et chères) n'ont normalement pas besoin d'un tel traitement, mais celles qui sont fines se casseront certainement avant que les beaux jours ne reviennent. Préalablement à leur remise en service enfin, un petit nettoyage au jet d'eau de leur intérieur s'impose, histoire de repartir du bon pied !

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