Une fresque murale qui s'adapte à votre déco

Quel a été votre parcours professionnel ?
Je peignais dans un atelier des Beaux-Arts lorsque j'ai décidé de suivre une formation de peintre-décorateur, avec un travail sur la couleur et les matières. En parallèle, j'ai complété ma formation avec d'autres artistes pour acquérir une palettes de techniques assez large. En 1996, je me suis lancé à mon compte à la suite de la Foire de Paris, où j'avais réalisé des fresques en "live". Je peignais alors dans un style figuratif (des femmes, des chevaux...), mais toujours sur des supports un peu déformés ou découpés. Cela donnait des formes abstraites, comme des morceaux de fresques arrachés d'un mur. Je n'avais pas envie que le sujet tienne dans une forme classique, un rectangle ou un carré. Je travaillais aussi beaucoup la matière, le sujet devenant prétexte à projeter des couleurs, des gouttes de peinture, pour créer un univers et représenter l'énergie qui se dégageait du sujet.

Comment vous est venu le concept de l’œuvre "Émotion" ?
Je me suis rendu compte que le travail figuratif très précis ne rendait pas vraiment l'émotion, mais que celle-ci venait surtout de l'énergie matérialisée par les gouttelettes et les projections de peinture. J'ai donc eu l'idée de retirer le sujet puis de découper l'œuvre en une multitude de morceaux, pour donner du mouvement, en les assemblant sur un support. Puis j'ai décidé de supprimer le support, pour que le lieu où l'on installe l’œuvre fasse partie intégrante du projet, en conservant uniquement les formes avec des couleurs variées. C'est comme si j'avais passé l’œuvre au microscope pour l'observer à l'état de particules, l'ADN de ce qui provoque l'émotion. Aujourd'hui, je réintègre parfois des éléments figuratifs au milieu de ces particules.

Peut-on parler d'une œuvre d'art déclinable à l'envi ?
Chaque forme est unique : elle est déclinée parce que je vais la tordre, la déformer, pour étudier des choses différentes. Quant aux couleurs, elles demandent un grand travail de recherche pour créer une palette. Donc l’œuvre semble déclinée mais en réalité, il n'y en a qu'une qui sort de l'atelier, je ne fais jamais deux fois la même. Ce n'est pas une série, je travaille à la commande. L'idée est de travailler sur l'émotion par rapport à un lieu, une atmosphère. Il n'y a plus de limite de cadre, on peut travailler sur de grandes surfaces, plusieurs dizaines de mètres carrés. Chaque espace est différent, avec sa personnalité, en fonction de la décoration intérieure. J'appelle cette œuvre "Émotion" parce qu'elle naît d'un ressenti à un moment T, sans trop réfléchir. Il n'y a aucun concept intellectuel derrière, aucun message à faire passer, on est juste dans l'émotion.



L'idée est de travailler sur l'émotion par rapport à un lieu, une atmosphère.

Concrètement, vous créez l’œuvre et le particulier l'installe lui-même ?
En effet, il peut l'installer lui-même grâce à un système de pochoir, un calque découpé avec les formes et des numéros. Chaque particule a également un numéro pour pouvoir la placer facilement sur le mur. Mais je peux me déplacer pour assurer l'installation, notamment dans le cas d'une œuvre complexe. Contrairement à un tableau, il n'y a aucun trou à faire, les particules sont fixées à l'aide d'une pâte. C'est assez facile, une œuvre d'une vingtaine d'éléments s'installe en trente minutes.

Peut-on l'installer n'importe où, y compris à l'extérieur ?
Oui, aussi bien à l'intérieur que dehors. L’œuvre est constituée d'éléments en PVC expansé, seule la densité va changer en fonction du lieu d'installation : le matériau sera plus dense pour des lieux publics, des endroits de fort passage. Les couleurs sont obtenues avec de la peinture époxy ou polyuréthane. Le concept est donc adapté à tout type de lieu.