Porter un toast : des origines aux occasions

On a tous cette image en tête, celle du maître de maison levant son verre en bout de table, pour porter un toast en l'honneur d'un des convives. Mais d'où vient cette tradition ? Est-elle encore si répandue ? Enquête sur une expression qui résiste au temps. A la vôtre !

Temps de lecture : 3 min
Porter un toast : des origines aux occasionsPhoto: 123RF

Tout le monde est enfin installé autour de la table, prêt à déguster un repas de fête, lorsque soudain, l'un des convives se redresse pour prendre la parole. Il lève alors son verre pour boire à la santé de quelqu'un, en invitant toute la tablée à faire de même.

Voilà ce qu'on appelle porter un toast. Et cette petite attention, très prisée dans le beau monde, ne date pas d'hier.

L'origine d'une tradition

Dès l'Antiquité, on avait coutume de boire en l'honneur des dieux et des morts. Ce rite religieux devait préserver les pauvres mortels, qui buvait ainsi à la santé de la vie. La boisson devint alors un liquide sacré offert aux divinités, en échange de protection ou d'un souhait précis.

La tradition se perpétua ainsi au fil des siècles, jusqu'en France où au 18ème siècle encore, on "toastait une dame" en buvant à sa santé. Il était également courant de porter un toast à la santé d'une personne absente. Mais pourquoi ce terme ? En vieux français, le "toste" était une petite tranche de pain grillé que l'on trempait dans un verre de vin, au moment de rendre cet hommage.

Les Anglais se prirent au jeu et en fixèrent des règles : un homme qui voulait séduire une femme invitait ses amis à boire un verre de vin, dans lequel il déposait le fameux "toast". Chacun devait ainsi prendre une gorgée du breuvage, en laissant la dernière au soupirant, qui dégustait alors le pain imbibé de vin en l'honneur de sa prétendante.

Les occasions de lever son verre

Alors que trinquer peut avoir des allures d'apéro au camping, lever son verre en l'honneur de quelqu'un est un signe de distinction sans pareil. Il convient pour cela de se lever soi-même, avant de saisir son verre (plein) pour le lever en direction de la personne à laquelle on souhaite rendre hommage.

Quelques mots suffisent alors : "Je souhaiterais porter un toast en l'honneur de...", en complétant bien sûr par une brève explication de cet hommage : un anniversaire à souhaiter, un vif remerciement, une félicitation pour un exploit, un compliment sincère...

De nos jours, l'âge et le sexe importent peu : la tradition de porter un toast peut être pratiquée aussi bien par ou pour un homme, que par ou pour une femme, et quel que soit l'âge de la personne qui lève son verre ou de celle qui est ainsi honorée.

Bien qu'il soit courant de lever son verre avant de commencer les festivités, sachez que dans les dîners officiels, le toast se porte uniquement à la fin du repas.

Trinquer, une coutume fréquente entre amis

De nos jours, il est plus courant de lever son verre à la santé de toute la tablée. On en profite alors pour entrechoquer les verres, dans un enthousiasme communicatif : on appelle cela "trinquer".

Cette vieille tradition viendrait du Moyen-Age. A l'époque, les empoisonnements étaient courants et pour gagner en confiance (ou pour tester ses amis), on échangeait un peu de son breuvage avec ses invités. Celui (ou celle) qui refusait ce partage devenait alors suspect. C'est encore le cas aujourd'hui où ne pas trinquer marque une forme de désolidarisation.

On trinque pour célébrer des retrouvailles, formuler un vœu ou rendre hommage à quelqu'un. La tradition (ou superstition) oblige à ne surtout pas croiser les verres et à regarder la personne avec qui l'on trinque droit dans les yeux.

Trinquons à travers le monde

Le terme "trinquer" viendrait de l'allemand trinken, qui signifie "boire". En France, il est courant de dire "tchin tchin !" en faisant tinter les verres. Notez qu'on dit deux fois "tchin" alors qu'on ne cogne les verres qu'une seule fois. En réalité, l'expression proviendrait du bruit que font les deux verres en s'entrechoquant. On dit aussi qu'elle aurait été rapportée par des soldats après la campagne de Chine : là-bas, une invitation à boire était accompagnée d'un "je vous en prie" prononcé "tchin tchin".

Si vous voyagez, sachez que les Américains ne cognent pas leurs verres mais se contentent de les lever. Vous pouvez alors dire "cheers", tout comme avec des Anglais. En Espagne, le terme "salud" est proche du "salute" italien. Les Chinois invitent à trinquer en buvant d'un coup, sous le terme "gānbēi", qui signifie "cul-sec". Enfin, au Japon, on lève son verre en disant "kanpai" : attention à ne pas dire "tchin tchin", en japonais, cela désigne l'appareil reproducteur masculin...

Par

Publié le