La roulotte des gens du cirque

Elle a sa place dans notre imaginaire collectif. Une minuscule maison sur roues, tirée par des chevaux : la roulotte. Les images d’Épinal nous la montrent encore, témoin d’une époque révolue, celle des petits cirques ambulants se déplaçant entre les villages en convois, bringuebalant de minuscules habitations sur leurs roues en bois. Comment étaient-elles faites, comment y vivait-on ?

Temps de lecture : 4 min
La roulotte des gens du cirque

Les gens du cirque n’ont pas toujours de maison. Ils vivent dans de grandes caravanes, parfois très luxueuses. C’est pratique, puisque cela permet de parcourir la France, de représentation en représentation. Mais cette coutume ne date pas d’hier. L’ancêtre de la caravane, c’est la roulotte, tirée par des chevaux !

C’est dans ce tout petit habitat que vivaient les circassiens, de l’acrobate au trapéziste, en passant par le montreur d’ours et le monteur de chapiteaux. À l’époque, le cirque était une histoire de famille au sens premier du terme.

Les débuts de la roulotte

Initialement, ce sont les Tziganes, peuple nomade, qui vivaient dans ce type d’habitat. On les appelait les bohémiens, c’étaient les diseuses de bonne aventure, les saltimbanques, les forains. Ces petites habitations sur roues étaient tirées par des bœufs ou des chevaux. Les familles suivaient à pied. D'abord foraines, les activités de représentation (jonglerie, présentations d’animaux, magiciens, etc.) sont devenues circassiennes.

Le cirque ambulant est né au début du 19e siècle. Les représentations se retrouvèrent alors centralisées sous un chapiteau, démonté entre chaque représentation pour être remonté dans le village suivant. La roulotte se prêtait bien à cette itinérance et les "gens du cirque", d’origine bohémienne ou non, y vivaient et se déplaçaient en groupes familiaux. C’est en 1805 que la première roulotte serait apparue en France.

On vivait en famille, mais chacun chez soi

Il faut savoir que les cirques appartenaient généralement à une seule et même famille. Chaque membre de celle-ci avait son rôle à jouer et effectuait son propre numéro. L’affaire familiale se transmettait de génération en génération. Aussi se déplaçait-on en convoi. Ce qui évitait de se faire attaquer par les brigands, tout en ayant un côté pratique de vie communautaire. Traditionnellement, la roulotte ne survivait pas à son propriétaire, car il était coutume de la brûler lors de son décès. À plus forte raison s’il y avait trépassé.

Une petite maison sur roues

Initialement sur roues en bois cerclées, la roulotte, appelée également "verdine", fut ensuite dotée de pneus. Elle possédait un ou deux essieux, l’avant étant pivotant. On accédait à l’intérieur par un escalier escamotable. Elle était en bois, possédant une porte, des fenêtres à rideaux, une cheminée et une avancée de toit à l’avant pour protéger le conducteur. La richesse de ses propriétaires s’affichait dans des détails comme le travail du bois et des décorations en cuivre ou en étain, à l’extérieur comme à l’intérieur.

roulottes

Comment vivait-on dans une roulotte ?

Rien à voir avec la caravane, le confort était rudimentaire. Néanmoins, elle était très bien agencée et la vie y était organisée. Mesurant généralement entre 4 et 7 mètres de long pour 2,5 mètres de large, elle contenait un buffet, des placards, des banquettes, un garde-manger et même un seau hygiénique. Le tout étant largement escamotable pour permettre de s’y réfugier, manger le jour et dormir la nuit. Le lit des parents était au fond, en alcôve. Les enfants dormaient dans le placard transformé en couche pour l’occasion. On se chauffait au poêle ou au brasero. Une trappe permettait même de s’échapper prestement en cas de descente de police !

La guerre a eu raison des roulottes hippotractées

Les chevaux ayant été mobilisés durant la Première Guerre mondiale, les roulottes furent immobilisées. C’est à la fin de la guerre qu’elles furent progressivement modifiées pour être attelées aux camions de réforme de l’armée, achetés à bas prix. Les premières caravanes étaient nées. Peu à peu, elles devinrent majoritaires et se modernisèrent. Elles se firent plus légères et faciles à tracter, plus fonctionnelles et confortables.

Aujourd’hui, les cirques sont de moins en moins nombreux. Les circassiens qui se déplacent encore dans le pays vivent dans de grandes habitations sur roues, tellement spacieuses qu’il est parfois nécessaire d’avoir le permis poids lourd pour les déplacer.

La roulotte d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec son ancêtre

L’intérieur laisse rêveur. Un salon, une cuisine, une salle de bains, des toilettes, des chambres fixes, tout y est. Elles sont bien sûr équipées de paraboles et captent le satellite. Pour les tracter, leurs propriétaires investissent dans des véhicules solides et souvent de marques prestigieuses. Il ne faut pas oublier que c’est leur habitat principal et que par conséquent, ils y mettent le prix pour vivre agréablement.

Les roulottes d’antan reprennent parfois la route, mais essentiellement pour le loisir. Certains en construisent pour les mettre au fond du jardin. Certains cirques ont cependant renoué avec la tradition en présentant des spectacles uniquement humains et ont fait le choix de réhabiliter la traditionnelle roulotte.

Par

Publié le