Le hogan, la maison sacrée des Navajos

Lieu social et sacré, le hogan a abrité les familles navajos pendant des siècles. Véritable héritage culturel, cette habitation persiste jusqu'à nos jours, pour garder en vie les traditions et les croyances anciennes du peuple amérindien.

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Le hogan, la maison sacrée des NavajosPhoto : Jim Dollar

Alors que le 21e siècle ne laisse plus beaucoup de place aux maisons traditionnelles, le hogan ne disparait pas tout à fait. Habitation ancienne des Indiens Navajos, il est profondément ancré dans la culture de ce peuple amérindien.

Les Navajos vivent aujourd'hui aux États-Unis, dans des réserves du nord-est de l'Arizona et dans des régions voisines du Nouveau-Mexique et de l'Utah. Même s'ils logent la plupart du temps dans des maisons modernes, chaque famille Navajos garde un hogan pour les cérémonies et pour l'harmonie familiale. Car plus qu'une simple maison, le hogan est avant tout un lieu sacré.

Une habitation traditionnelle

En réalité, le terme hogan englobe plusieurs types de constructions, tel que le hogan "femelle" et le hogan "mâle". Le hogan "féminin" servait à l'époque de logement familial : chaque homme Navajos qui s'apprêtait à se marier devait en construire un. Celui-ci consistait en une forme circulaire d'environ huit mètres de circonférence, avec une structure en bois recouverte de terre en guise d'isolation et un sol en terre battue. L'intérieur formait une unique pièce globale, sans séparation, mais avec un orifice central servant de cheminée qui réchauffait la maison durant l'hiver. Une seule porte d'entrée à l'est et un ameublement très simple : une unique banquette, recouverte de couvertures, et qui longe les murs.

Quant au hogan "masculin", il s'agissait d'une construction triangulaire, bien plus petite. Sa fonction était tout autre, puisqu'elle était réservée à des pratiques religieuses personnelles.

Une maison pensée comme un lieu social

Le hogan a toujours été pensé comme un lieu social, où se déroulaient toutes les activités familiales : la cuisine, les repas, le tissage, les échanges sociaux, etc. Bien qu'il ne fût constitué que d'une seule pièce sans murs de séparation, celle-ci était tout de même divisée en plusieurs zones.

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À droite de l'entrée, au sud : les hommes. À gauche, au nord : les femmes et les enfants. La place d'honneur se situait en face de l'entrée, en plein ouest, pour le chef de la famille. Tout le monde restait assis, car la hauteur du hogan ne permettait de se tenir debout qu'au centre de la pièce, une personne à la fois.

Plus qu'un logement, un lieu sacré

Si les Navajos continuent à construire des hogans, c'est parce que ceux-ci sont des lieux sacrés, construits pour garantir l'harmonie familiale. Il s'agit d'un abri, d'une protection, qui permet aux membres de la famille de rester soudés face aux épreuves et garder un lien harmonieux avec la nature, sous la protection de la Terre Mère et du Père Soleil.

Les mythes navajos racontent que le coyote-créateur, avec l'aide du peuple des castors, a construit le premier hogan pour le Premier Homme et la Première Femme sur Terre, eux-mêmes créés à partir d'épis de maïs.

Le toit du hogan représente le ciel, les murs sont les montagnes et les arbres, le sol forme une connexion avec la Terre Mère, et le feu au centre de la pièce symbolise le soleil. Après la construction d'un nouveau hogan, un chaman vient le bénir et invoque une protection contre le danger et les maladies.

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Beaucoup de croyances et de superstitions sont liées au hogan. D'abord, en y pénétrant, il est impératif de marcher dans le sens des aiguilles d'une montre. Ensuite, si un occupant y décède, le corps doit être sorti par un trou creusé dans la partie nord de l'habitation, qui sera ensuite abandonnée ou même brûlée. De la même manière, le hogan n'est plus habitable si un ours s'est frotté à lui ou si la foudre l'a frappé.

Ainsi, bien que le hogan soit depuis longtemps "dépassé" par les techniques de construction modernes, sa philosophie le maintient en vie. Avant tout, il représente un lieu d'harmonie familiale, un lieu sacré, l'héritage d'une culture riche.

Photos : Graeme Maclean / Ron

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