François-René de Chateaubriand, né à la fin du 18è siècle, est un précurseur du mouvement romantique. Il est l'auteur des célèbres Mémoires d'outre-tombe, du Génie du Christianisme, ou encore d'Atala.
Exilé par l'empereur Napoléon 1er pour ses convictions politiques royalistes, il s'installe avec sa femme Céleste à quelques kilomètres de Paris, dans la Vallée-aux-Loups, en 1807, et y vivra jusqu'en 1818, où les ennuis financiers le forcent à vendre sa maison.
Un écrin de nature
C'est à Châtenay-Malabry, près de Sceaux, que se trouve la verdoyante Vallée-aux-Loups. Un vaste parc à l'anglaise, ainsi qu'une forêt, constituent le domaine et offrent un moment de bien-être aux visiteurs. Le domaine avait été acquis en 1683 par Colbert, ministre de Louis XIV, afin d'alimenter en eau le parc de son château de Sceaux.
A proximité de la maison se trouve un superbe arboretum où il est possible d'admirer plus de 500 espèces végétales, dont de très vieux bonsaïs, ainsi que des hortensias aux vives couleurs rosées. Botaniste averti, Chateaubriand connaissait tous les arbres de son domaine et a dessiné lui-même les 14 hectares de terrain.
L'inspiration grecque
Chateaubriand a fait construire les deux statues à l'entrée de la maison, pour se rappeler son séjour en Grèce de 1806. Ce souvenir de voyage donne un cachet incontestable à ce qui n'était alors qu'une maison de jardinier, et qui va devenir une véritable "chartreuse" romantique.
Un intérieur cossu
L'écrivain a soigneusement aménagé son "ermitage", comme il l'appelait, peaufinant chaque détail. Aujourd'hui, les meubles ne sont pas d'époque, mais ils s'inspirent toutefois de l'univers de Chateaubriand et tendent à reconstruire l'atmosphère de sa maison. Le grand salon est tendu d’une perse Braquenié, dans un style début XIXe. Le mobilier Charles X est en érable moucheté, marqueté d’amarante.
Dans la salle à manger de la maison, on peut apprécier le caractère douillet de l'intérieur, avec ses tapis et ses tableaux. On peut imaginer l'ambiance des dîners donnés par l'écrivain et son épouse, en compagnie de leurs amis. La décoration peut paraître un brin surannée mais elle est le reflet du style de l'époque. Le papier peint, marbré blanc et vert, est bordé d’un bandeau fleuri. Un piano côtoie une harpe. Le mobilier de style néogothique était très apprécié de Chateaubriand, qui a d'ailleurs contribué à le remettre au goût du jour.
Un escalier insolite
La demeure recèle une vraie surprise pour les amateurs d'architecture insolite : un étrange et magnifique escalier qui se croise, choisi lui aussi par l'écrivain. Cet escalier à double branche est une vraie curiosité à lui seul. Il est possible qu'il provienne d'un vieux bateau anglais démonté dans le port de Saint-Malo. L'escalier mène à l'étage, où se situe notamment une impressionnante bibliothèque de 12.600 ouvrages, qui se visite uniquement sur rendez-vous avec un guide.
La chambre des dames
La vaste maison abrite également la chambre de Juliette Récamier, femme de lettres et amie de l'écrivain. Il s'agissait sans doute autrefois de la chambre de Céleste de Chateaubriand. Madame Récamier, qui n'a rencontré Chateaubriand qu'en 1817, aurait occupé cette pièce durant plusieurs séjours.
La chambre de Chateaubriand
L'homme de lettres profitait d'une jolie chambre aux coloris vert et or, offrant une décoration sobre mais élégante. Un petit bureau est posé sur le parquet Versailles d'origine. Mais le véritable cabinet de travail de l'écrivain se situait à l'écart de la maison.
La tour Velleda
Chateaubriand aimait, semble-t-il, travailler au calme, puisque c'est dans cette petite tour, cachée au cœur du parc, que l'écrivain avait aménagé son bureau. La tour Velleda, véritable "tour d'ivoire", offre en effet la tranquillité nécessaire pour un travail d'écriture.
Outre une bibliothèque, on y trouve un bureau très sobre, derrière lequel l'auteur trouvait l'inspiration pour rédiger ses œuvres. Une plume, un encrier et une simple bougie témoignent de l'austérité choisie par Chateaubriand, qui contraste avec le cadre chaleureux, presque enchanteur, de ce lieu de travail insolite.
Pour visiter la maison de Chateaubriand
87, rue de Chateaubriand - 92290 Châtenay-Malabry
Accès par le RER B, arrêt Gare de Robinson.
Ouverture 7j/7 de mars à octobre. Fermé les lundis et jours fériés.
Visite libre : 4 € (2 € en tarif réduit). Visite guidée : 6 €