Le maître bouddhiste Sogyal Rinpoché est l'auteur contemporain du "Livre tibétain de la Vie et de la Mort", un ouvrage de référence qui livre conseils spirituels et instructions pratiques pour les Occidentaux. Il y décrit notamment sa méthode pour une bonne méditation. Car selon lui, "apprendre à méditer est le plus beau cadeau que l'on puisse se faire à soi-même en cette vie".
Les jambes et le dos
Tout d'abord, il convient d'adopter la bonne posture. Sogyal Rinpoché préconise de s'asseoir, les jambes croisées (pour symboliser la non-dualité, l'unité de la vie et de la mort), tel "une montagne inaltérable". Mais il n'exclue pas de rester sur une chaise, les jambes détendues.
Le dos doit être bien droit, "comme une flèche", pour permettre à l'énergie intérieure de circuler facilement dans tout le corps. Il faut toutefois rester détendu, la tête souple, sans raideur dans les épaules, les mains sur les genoux. Il appelle cette posture "l'esprit à l'aise".
La bouche et les yeux
La bouche doit être entrouverte, pour pouvoir respirer par celle-ci. L'ouverture des lèvres doit être suffisamment grande pour permettre de manifester un certain soulagement.
Il est conseillé de garder les yeux ouverts, sauf si des événements extérieurs sont trop perturbants. Mais quand le calme est présent, le regard importe beaucoup : pour éviter de somnoler, pour ne pas fuir la réalité et pour rester réceptif à tout. La lumière de notre énergie de sagesse réside dans le centre d'énergie du cœur, lui-même relié aux yeux. Ceux-ci doivent donc être ouverts "pour ne pas bloquer les canaux de sagesse".
Il faut regarder devant soi, en suivant la pente de son nez. En cas d'agitation, mieux vaut baisser le regard. A l'inverse, en cas de somnolence, il faudra lever les yeux. Quand l'esprit s'apaise, le regard s'élargit, sans porter son attention à quelque chose en particulier.
Respiration et attention
Une fois la posture acquise et le regard posé, il faut se concentrer sur sa respiration, "avec légèreté", précise le maître. Symbole de vie et expression de notre existence, la respiration permet de calmer l'esprit. Pour autant, il ne faut pas trop s'y attacher, au risque de l'analyser. Respirez normalement mais lâchez prise à chaque expiration. Observez l'intervalle entre expiration et inspiration, "reposez-vous dans cet espace libre". Appréciez la détente de l'instant.
Identifiez-vous à votre respiration pour "devenir le souffle" et filtrer ainsi vos émotions. N'essayez pas de vous contrôler, ne vous forcez pas à être paisible. Abandonnez tout effort, laissez votre souffle s'exprimer.
Sogyal Rinpoché constate qu'il peut être utile de poser son attention sur un objet (fleur, cristal, portrait...) ou de réciter un mantra. Ce dernier peut être chanté ou prononcé avec attention.
Un océan de pensées
N'oublions pas que l'objectif de la méditation, entre autres, est de ne plus souffrir des pensées et des émotions négatives. L'état naturel de l'esprit est la clarté, à condition de ne pas le mettre à l'épreuve. Méditer doit permettre de retrouver le calme, "entre détente et vigilance". Pour autant, ne vous découragez pas si les pensées reviennent en force : prenez-en conscience et revenez à la respiration.
Les pensées naissent et disparaissent dans l'esprit, elles sont sa manifestation. Ne vous attachez pas aux pensées (au risque de les solidifier), ne les poursuivez pas. Regardez les "comme un vieil homme sage regarde jouer un enfant".
On croit que les pensées se succèdent les unes après les autres. En réalité, il existe un petit intervalle entre chaque pensée, un peu comme un coin de ciel bleu entre deux nuages, un espace entre deux vagues. Regardez passer les vagues et les nuages, mais appréciez cet intervalle entre deux pensées. Méditer, c'est prolonger ce petit moment de vide.
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