Le trouble du jeu vidéo est une véritable maladie

Le trouble du jeu vidéo vient d'être reconnu comme une pathologie à part entière par l'OMS et cette classification entrera en vigueur en 2022. Une décision loin de faire l'unanimité au sein de la communauté scientifique et dans l'industrie de ce divertissement de plus en plus populaire.

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Le trouble du jeu vidéo est une véritable maladie

Jouer de manière trop intensive à des jeux vidéo pourrait entraîner des troubles comportementaux graves, selon l'OMS (l'Organisation Mondiale de la Santé). Le "Gaming Disorder" vient donc d'entrer dans les pathologies à part entière de la classification internationale des maladies, qui entrera en vigueur en 2022.

Mais ce choix fait polémique, autant chez les joueurs et chez les scientifiques que dans le secteur du jeu vidéo.

Quand le divertissement devient une addiction

Dans sa 11e révision de la classification internationale des maladies (CIM-11), l'Organisation Mondiale de la Santé a pris la décision d'inclure le trouble du jeu vidéo, connu dans le monde sous le terme de Gaming Disorder. C'est une proposition qui avait été faite en janvier 2018, et qui déjà avait suscité un débat au sein de la communauté de joueurs mais également chez les scientifiques, et nombreux sont ceux qui s'offusquaient de cette mise en lumière négative que devait une nouvelle fois subir ce loisir.

Mais alors que le jeu vidéo connaît un essor sans précédent, avec la multiplication des supports de jeu et l'effervescence autour de certains titres en ligne (comme Fortnite), la question semble légitime et il est intéressant de comprendre ce qu'on considère comme un trouble du jeu vidéo.

Pour l'OMS, il s'agit d'un "comportement lié à la pratique des jeux vidéo ou des jeux numériques, qui se caractérise par une perte de contrôle sur le jeu, une priorité accrue accordée au jeu, au point que celui-ci prenne le pas sur d'autres centres d'intérêt et activités quotidiennes". L'organisation ajoute que la pratique croissante d'un jeu en dépit des répercussions nocives peut entraîner des dommages.

Une classification au rôle préventif

Cette décision, votée le 25 mai 2019, entrera en vigueur en 2022, et elle est motivée par les résultats de certains tests et par l'analyse de données factuelles, qui tendraient à montrer que l'addiction aux jeux vidéo peut entraîner des dysfonctionnements sociaux comportementaux.

Il est toutefois bien précisé que ce type de troubles ne touche qu'une infime minorité de gamers, parmi ceux qui passent 15 ou 20 heures par jour à jouer en oubliant parfois de dormir et de manger, ce qui a des conséquences néfastes sur leur vie sociale, mais aussi sur leur intégrité physique.

Cette classification a donc un rôle préventif et l'OMS affirme que "tout joueur doit être attentif au temps passé sur les jeux". C'est ce qui fait débat chez les principaux intéressés, qui pensent que le terme de pathologie n'est pas approprié.

Un jugement hâtif, selon certains spécialistes

Les gamers sont habitués à subir des critiques sur leur divertissement favori, qui fut longtemps considéré comme un loisir de niche. Mais depuis sa démocratisation au grand public et les possibilités salutaires que le jeu peut offrir (on peut pratiquer du sport avec sa console), on pensait que le débat était clos. Cependant, certains cas récents de jeunes enfants accros à un soft ont relancé la machine, confortant l'OMS dans son choix.

Du côté des scientifiques, on reproche le manque de preuves solides concernant ce trouble et ses conséquences. Certains estiment que si le jeu vidéo est un facteur de troubles potentiels, il faudrait tenir compte de l'ensemble des pratiques addictives d'un individu (sport, sexe, tabac, alcool…) pour véritablement parler de lien de cause à effet.

L'industrie du jeu vidéo déplore elle une décision hâtive, qui stigmatise un loisir qui s'améliore sans cesse et auquel on trouve désormais des applications thérapeutique prometteuses, notamment chez les seniors.

Reste à voir si la prudence requise par les voix discordantes concernant ce choix sera entendue par l'OMS.

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