La grande histoire du savon de Marseille

Qui ne connaît pas le savon de Marseille, ce fameux cube qui a donné ses lettres de noblesses au savon ? Plébiscité pour ses vertus cosmétiques bien avant l’industrialisation de ce secteur, le savon de Marseille a dominé le marché pendant des siècles. Découvrez la passionnante aventure de ce savon aux multiples usages.

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La grande histoire du savon de MarseillePhoto: Álvaro

Un savon venu d’ailleurs

C’est en Syrie que l’on retrouve les origines du savon de Marseille. Son ancêtre est le savon d’Alep, un savon fabriqué depuis l'Antiquité à base d’huiles d’olives, de baies et de laurier.

La recette aurait traversé la Méditerranée pour atterrir à Marseille où elle fut vite adoptée, la ville la plus ancienne de France disposant alors de toutes les ressources nécessaires à sa fabrication : des oliviers en abondance, du sel, de la salicorne que l’on réduisait en cendres (pour obtenir des cristaux de soude), et du charbon pour chauffer le tout.

Les premiers savonniers feront leur apparition au 14ème siècle et les techniques affinées à mesure de leur développement permettront à Marseille de devenir le principal fournisseur de savon de plusieurs pays d’Europe. L’utilisation exclusive d’huile d’olive dans sa fabrication ainsi qu’un souci permanent de qualité feront la renommée du savon de Marseille.

Age d’or et déclin

La fin du 19ème siècle marquera une période faste pour le savon de Marseille. Les découvertes scientifiques d’alors permirent d’exploiter de nouvelles sources de soude, tandis que l’expansionnisme colonial permit d’accéder à d’autres types d’huiles végétales tout en ouvrant de nouveaux marchés. Le savon de Marseille réussit donc à lutter plus qu’efficacement contre la rude concurrence des savons classique au suif, moins chers mais de moindre qualité.

En 1913, avec ses 130 savonneries, la ville de Marseille pouvait produire pas moins de 180.000 tonnes de savons de Marseille par an. Une insolente santé qui tira vers le haut l’économie de la région (plus de la moitié des marseillais travaillaient alors dans une savonnerie). Mais l’industrie du savon va rapidement déchanter en essuyant tant bien que mal les revers causés par la Première puis la Deuxième Guerre Mondiale. Le coup de grâce viendra finalement du progrès technique : les nouvelles alternatives de synthèse à la fabrication de savon et de ses dérivés séduisent le marché et achèvent de ruiner l’industrie savonnière de Marseille et de sa région.

Le savon de Marseille aujourd’hui

Aujourd’hui, les plus grands fabricants de savon de Marseille sont... la Turquie et la Chine ! En effet, l’appellation « savon de Marseille » n’étant pas une appellation d’origine contrôlée, plusieurs sociétés se sont lancées sur le créneau afin de surfer sur la notoriété de ce savon mais sans pour autant en respecter les valeurs traditionnelles.

Car un vrai savon de Marseille, même s’il n’est pas fabriqué dans la ville, se doit de respecter la méthode de fabrication originale c’est-à-dire utiliser la méthode de saponification « à la marseillaise » avec uniquement de l’huile d’olive et aucun additif  : ni colorant, ni parfum, ni conservateurs. Saviez-vous d’ailleurs qu’il fallait pas moins de 10 jours pour fabriquer un vrai savon de Marseille ?

Heureusement, quelques savonneries demeurent encore pour perpétuer la tradition d’un savon naturel aussi efficace pour la lessive que pour la toilette.

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