Faut-il se méfier du gel antibactérien ?

Très pratiques, les solutions hydroalcooliques sont surtout censées être hygiéniques. Pourtant, on les pointe souvent du doigt comme étant nocives pour notre santé. Qu'en est-il vraiment ?

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Faut-il se méfier du gel antibactérien ?

Quand on n'a pas le temps ni les moyens techniques pour se laver les mains avec de l'eau et du savon, il existe un petit flacon bien pratique qui a réglé le problème : le gel hydroalcoolique. Cette solution antibactérienne disponible en pharmacie comme en grande surface a changé notre façon de nous rendre plus propres.

Pourtant, depuis quelque temps, une rumeur circule sur ce flacon et son contenu : le gel nettoyant serait en réalité très mauvais pour notre organisme. Faisons le point.

Une solution innovante qui facilite le quotidien

Tout le monde le sait, c'est notamment par les mains que se propagent les microbes entre êtres humains. Il faut reconnaître qu'elles traînent partout : sur les poignées de porte, les téléphones, les boutons d'ascenseur, les caddies de supermarché, les terminaux de paiement... Un "bonjour" cordial et hop ! Ce sont des milliers de bactéries qui se propagent d'une personne à une autre.

C'est pourquoi il est recommandé de se laver les mains plusieurs fois par jour, notamment en période d'épidémie comme la gastro d'automne ou la grippe hivernale. Seulement voilà, pas toujours facile de trouver un lavabo à proximité, avec de l'eau, du savon et une serviette propre.

Du coup, la généralisation du liquide hydroalcoolique, jusque là réservé aux salles d'opération des hôpitaux, a changé la donne : il est facile de dégainer son flacon en toutes circonstances. Au bureau, au restaurant, dans la voiture... En quelques secondes, les mains sont nettoyées de tous les microbes imaginables. Un peu de pureté dans un monde souillé.

Une étude qui brouille les pistes

Mais le gel hydroalcoolique est mis à mal par certains informateurs visiblement... mal informés. Une étude de l'université du Missouri, largement relayée par les médias, laisse à penser en effet que le liquide antibactérien serait nocif en raison du Bisphénol A qu'il contient.

Ce dernier serait absorbé par la peau lors d'une utilisation trop fréquente du fameux gel. Or le Bisphénol A est un perturbateur endocrinien, une molécule qui aurait des effets néfastes sur les fausses couches, la fertilité masculine, l'obésité ou encore certains cancers.

Le petit détail qui fait la différence

Seulement voilà, si effectivement les perturbateurs endocriniens sont réputés nocifs, le danger n'est pas si grand que cela. Pour une raison toute simple : nos solutions hydroalcooliques ne contiennent pas de Bisphénol A !

En réalité, l'étude porte sur les dangers du Bisphénol A, non sur le gel en lui-même. Et le malentendu vient du protocole, lui-même litigieux : on aurait versé dans les mains de volontaires de grandes quantités de solution, avant de placer un ticket de caisse (dont l'encre contient le fameux Bisphénol A) pour vérifier si la molécule passait dans la peau.

Une étude remise en question par le Dr Pierre Parneix, médecin et président de la Société française d'hygiène hospitalière. Dans une interview donnée à l'Obs, il affirme que cette expérience n'a pas de sens. D'autant que le Bisphénol A a été interdit dans les emballages alimentaires, et ne se trouve quasiment plus sur les tickets de caisse.

En cas d'épidémie ou d'absence de point d'eau, le gel antibactérien, non toxique et sans effet secondaire, reste donc une alternative tout à fait hygiénique, qu'il serait ridicule d'écarter. Technique de référence dans n'importe quel établissement de santé publique, le petit flacon bleu a encore de beaux jours devant lui (et dans vos poches).

gel alcool

Le gel hydroalcoolique propulsé par le coronavirus

La crise sanitaire provoquée par le Covid-19 a mis un coup de projecteur sur le gel antibactérien, présent autant dans les poches qu'à l'entrée des magasins. Une petite polémique a toutefois éclaté concernant son efficacité, voire sa dangerosité. Ce qu'il faut retenir, c'est qu'un gel hydroalcoolique n'est efficace contre ce type de virus que s'il contient au moins 60% d'alcool. Une donnée à vérifier en regardant attentivement l'étiquette du produit que vous utilisez (il doit contenir de l'éthanol, de l'alcool propylique ou de l'isopropanol).

Quant à son éventuelle dangerosité, elle correspond en fait aux risques que vous encourez à trop utiliser un gel lavant, celui-ci pouvant à fortes doses abîmer l'épiderme de vos mains. Mais aussi aux produits peu alcoolisés et donc inefficaces. En novembre 2020, la DGCCRF a pointé du doigt de nombreux produits analysés par ses services : 38% seraient non-conformes et 35% seraient non conformes et dangereux, soit tout de même 73% des gels étudiés ! Des données à prendre avec des pincettes : en réalité, seuls 13% des gels analysés manquaient d'alcool, les autres ont été épinglés pour un problème d'étiquetage ou parce qu'ils sont inflammables. Pour être sûr de votre produit antivirus, vérifiez qu'il porte la mention "NF EN 14476" ou encore "Biocide TP1".

Sinon, il vous reste une autre alternative : fabriquer votre propre solution nettoyante hydroalcoolique.

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